La formation géologique de l’ocre
L’ocre est une exception géologique associant, durant des millions d’années, les règnes minéral, animal, végétal, les mouvements des plaques tectoniques et des réactions chimiques liées à la présence de fer.
Remontons le temps pour comprendre sa formation.
Il y a environ 125 millions d’années une partie de la Provence est recouverte par une mer peu profonde. Les sédiments qui s’y déposent sont à l’origine des calcaires blancs qui forment actuellement le Massif des Calanques, les Monts de Vaucluse, … Dans le Pays d’Apt, ces calcaires sont recouverts par des roches argileuses (marnes grises) qui témoignent d’un approfondissement de la mer vers -120 millions d’années.
L’histoire de l’ocre commence à cette époque. Des fleuves transportent alors des sables qui viennent s’accumuler dans la mer. De nouveaux éléments s’y rajoutent : des fragments de coquilles, d’oursins, et des organismes microscopiques. Sur le fond, des grains de couleur verte se forment. Il s’agit de grains de Glauconie, association de minéraux argileux dont la particularité est de contenir du fer. Cette caractéristique va se montrer déterminante dans le processus de transformation de l’ocre. Ce mélange se dépose en couches obliques par le jeu des courants marins. Tous les ingrédients sont là pour donner naissance aux ocres.
Vers -100 millions d’années, suite à des mouvements tectoniques la mer se retire du Pays d’Apt : les dépôts de sable et grès verts se retrouvent émergés sous un climat chaud et humide ! Sous l’action des pluies abondantes et de la circulation dans le sous-sol forestier de nappes phréatiques, les grès verts subissent une profonde modification chimique, une altération. Ainsi, le calcaire, les micas et la Glauconie disparaissent pour donner de la kaolinite colorée par un hydroxyde de fer pour l’ocre jaune, et par un oxyde de fer pour l’ocre rouge. Les grains de Kartz restent majoritaires et composent 80% de la “nouvelle roche”. Ainsi, le grès vert constitue la roche mère des sables ocreux.
Au fil du temps géologique, les gisements ont été recouverts par d’autres dépôts, puis sont parvenus à l’affleurement pour être découverts et exploités.
Commentaires réalisés par l’ACR et M. Stéphane Legal, Géologue au Parc Naturel Régional du Luberon